Le Villejuif Underground (FR)

Un bassiste qu’on croitrait sorti d’un film de surfers tourné aux abords de Tchernobyl. Un guitariste qui vous parle plus volontiers de Lunatic ou de musique thaïlandaise que des Stooges. Un clavier invité sur un malentendu à une répétition qui a été engagé parce qu’il s’est endormi sur son synthé. Un chanteur-poète australien sans-papiers resté en France pour une fille, qui s’est improvisé une chambre dans une cabane au fond d’un jardin. Celui de la petite maison grise aux volets rouges du Val-de-Marne, où le groupe vit, répète, organise des concerts et enregistre les disques les plus vitaux, vibrants et excitants entendus en France ces deux dernières années – et, disons-le très franchement, bien, bien au-delà.

Un storytelling à faire pâlir les managers d’Eddy De Pretto et Angèle, qui est pourtant rigoureusement authentique et qui s’est construit comme toutes les vraies bonnes histoires : sans qu’on vienne la chercher. Et la musique du Villejuif Underground est construite sur le même schéma – une suite de hasards et d’accidents, un assemblage contre nature qui n’aurait jamais, jamais du marcher mais qui s’est imposé comme un des fandangos les plus ahurissants entendus depuis longtemps. Pensez Oingo Boingo repris par Fat White Family sur le matos de Beat Happening, pensez One Foot In The Grave de Beck remixé par Daniel Johnston et Brian Wilson, pensez Ausmuteants, les Spits, The Feeling Of Love ou A Frames quand ils touchaient tous ce truc magique du bout des doigts, mais en vérité, vous feriez mieux de ne pas penser à tout ça, parce que de toute façon, vous n’y serez pas. Loin de là. 

D’autant plus que le cas s’aggrave dangereusement avec When Will The Flies In Deauville Drop?, deuxième album qui paraît en ce début d’année sur Born Bad. 11 titres balancés en moins de 40 minutes. 11 déclarations d’amour claudiquantes aux sacs à dos trop lourds, aux châteaux hantés, aux quartiers tranquilles du 14ème arrondissement et aux tournées en Chine – organisées sur un malentendu là encore, grâce à une fille retrouvée endormie dans un canapé un lendemain de nouvel an. 11 sérieuses démonstrations de style. 11 raisons de continuer à croire que oui, il existe encore un chemin, en 2018, qui ne passe pas par les presets GarageBand, la synchro de pub et les airs de pipeau des attachés de presse.

Si vous n’avez pas déjà été contaminés par Le Villejuif Underground (leur premier album sorti sur SDZ) ou Heavy Black Matter (EP paru fin 2017 chez Born Bad), il est probable que votre tumultueuse histoire d’amour avec le Villejuif Underground commence ici. Assurez-vous de la vivre à fond. Bien à fond.

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